La technique de l'ikat.
À la différence des tissus dont les motifs sont imprimés au tampons de bois, les motifs ikat résultent de fils de coton préalablement noués, teintés puis tissés, après avoir été dénoués. C'est pendant le tissage que les motifs apparaissent.
Nos ikats proviennent de l'Orissa et de l'Andhra Pradesh. Ils sont tissés sur des métiers à bras, dans des villages où cette tradition se maintient difficilement.
Explications complémentaires sur le blog.
Le coton kora est un coton blanc cassé - sa couleur naturelle - non blanchi. Il est tissé dans les villages indiens du sud de l’Inde, par des familles de tisserands, maitrisant à la perfection les métiers à tisser à bras. C'est un coton cultivé par de petits exploitants agricoles des régions avoisinantes. En conséquence, l’ensemble de la chaîne textile, du coton au tissu, se déroule de la campagne au village. Les machines nouvellement conçues pour soulager les villageois des tâches les plus pénibles mettent à leur disposition une technologie moderne et sophistiquée. Ces machines travaillent les délicates fibres de coton avec douceur, en évitant la force et la violence des machines industrielles, tout en conservant l’élasticité des fibres jusqu’au tissu. Le tissu garde son élan et son drapé, il respire, absorbe, retient la couleur et reflète dans sa texture son héritage artisanal.
Couleurs ajoutées au coton kora
Avec les couleurs ci-dessous, par leur mélange dans des proportions variables et sans cesse changeantes, il en ressort autant de nuances qu’il est difficile de décrire. L’origine naturelle des teintures et le mélange des couleurs donnent à ces tissus une beauté réussie.
Le jaune
Cette couleur est obtenue à partir de la peau de la grenade mélangée avec du myrobolan, une variété de pruniers donnant des fruits riches en tanins. Il permet également de teindre le coton en noir.
Le noir
Pour obtenir un noir profond qu’aucun noir chimique ne peut égaler, les fils sont d’abord mordancés avec du myrobolan et ensuite plongés dans un bain de teinture contenant un mélange de fer rouillé et de sucre de canne fermenté.
Le gris vert
Le gris vert est obtenu par un mélange subtil de peaux de grenade, de myrobolan et de noir naturel.
L’indigo
L’indigo, ou un bleu violacé contenant des nuances de carmin est extrait par fermentation ou ébullition des feuilles et des tiges de l’indigotier (indigofera tinctoria). Pour obtenir un indigo clair, les fils de coton sont plongés trois fois dans des cuves contenant la teinture en fermentation ; pour obtenir un indigo foncé, l’opération est renouvelée jusqu’à l’obtention de la profondeur recherchée.
L’indigo vert
Le vert, couleur secondaire, est obtenu par le mélange du jaune et du bleu, deux couleurs primaires.
Les fils sont d’abord teints en jaune pour être ensuite plongés dans un bain d’indigo. Le jaune est un jaune d’agrumes fabriqué à partir de l’écorce externe de la grenade mélangée à du myrobolan, l’indigo est extrait des feuilles de l’indigotier.
Le rouge alizarine (ou rouge écarlate)
L’alizarine est une matière colorante rouge. Elle est obtenue à partir de la racine de la garance des teinturiers, une plante vivace de la famille des Rubiacées, ou par synthèse chimique à partir d’un sous-produit non toxique du goudron de houille (charbon). Cette synthèse offre un pouvoir tinctorial cent fois supérieur à celui de plante. Les fils teints avec ce colorant, lorsqu’il est correctement mordancé, développent une belle couleur écarlate.
Le rouge alizarine est le seul colorant synthétique utilisé dans les tissus de cette collection.
Le rouge brique
Ce colorant est extrait de la délicate plante grimpante Rubia cordifolia (ou Manjishta non populaire indien). Ce colorant produit diverses nuances de pêche ou de rouge, en fonction de la teneur en minéraux des eaux locales.
Il y a plus de 80 ans, le Mahatma Gandhi s’asseyait devant son rouet pour exhorter les Indiens à soutenir le mouvement pour la liberté et l'indépendance du pays en échangeant les vêtements fabriqués à l’étranger contre ceux tissés dans un coton filé et tissé par eux-mêmes : le khadi. On donne le nom de « khadi » à tous les tissus filés et tissés à la main avec du fil de coton, de soie ou de laine. En hindi, khadi signifie « le tissu ou le vêtement fait maison ».
Autrefois considéré comme le tissu des pauvres, en raison de ses origines rurales, de sa texture et de son toucher grossier, il perd aujourd’hui son identité de « combat pour l’indépendance » au profit d’une identité nouvelle : tout en gardant ses qualités intrinsèques de fait main, de solidité, le khadi se diversifie, s’affine, s’assouplit, au point de devenir, en Inde, le tissu et le vêtement à la mode.
Au Rajasthan, pays des tissus imprimés, dabu désigne à la fois « la boue » et une ancienne technique d'impression à la brosse ou au bloc de bois. Dabu c’est d’abord une pâte semi-liquide composée d’un mélange d’argile, de gomme naturelle, de son de blé, de citron vert. Cette pâte est malaxée le plus souvent avec les pieds, puis filtrée à travers un linge de coton avant d’être appliquée sur le tissu à imprimer, avec une brosse ou un tampon de bois. Dabu a pour rôle de protéger de toute autre teinture les endroits recouverts de cette boue. Elle les met « en réserve ».
Dans l’exemple ci-dessous, après avoir été recouvert de boue avec une brosse, le tissu est ensuite plongé dans un bain de couleur (ici l’indigo ou la garance pour la couleur rouge). La boue n’étant pas complètement imperméable à la teinture, celle-ci s’infiltre en partie à travers la boue pour teinter le tissu de façon aléatoire. Un second motif sera ensuite imprimé au bloc de bois sur le tissu teinté (en bleu, en rouge ou dans une toute autre couleur) et débarrassé de la boue après lavage.
Rangées dans la collection des chemins de table, ces pièces de tissus peuvent être également destinées à un tout autre usage. Ces tissus proviennent de l'État d'Orissa (région située sous le Bengale, à l'est de l'Inde). Ils sont de fabrication "villageoise", donc artisanale, et le coton utilisé est un coton khadi, un coton tissé, filé à la main et teint avant le tissage. Les motifs sont également tissés, avec des fils terre de Sienne ou écrue, la couleur du coton naturel. La couleur dominante, lorsqu'elle n'est pas celle du coton naturel, est l'ocre (l'ocre rouge, l'ocre terre et terre de Sienne). Cette couleur végétale ne déteint pas et ne bouge pas au lavage (à 30 °).