
La technique de l'ikat
Cette technique a la réputation d'être l'une des plus anciennes méthodes de teinture à la réserve. Les fils préalablement ligaturés suivant un plan bien précis sont teints avant d’être tissés. C'est durant le tissage que le plan (ou le motif) qui a servi à positionner les ligatures apparaît.
Le nom "ikat", racine du verbe malais mengikat qui signifie « lier » ou « attacher », désigne à la fois ce type particulier de teinture et le tissu qui en résulte.
Lorsque les ligatures ne s’appliquent qu’aux fils de chaîne ou de trame, on parle de simple ikat ; lorsqu’elles s’appliquent sur les fils de chaîne et de trame, on parle de double ikat. De toutes les techniques de teinture à la réserve, la technique du double ikat est sans aucun doute la plus complexe. Elle réclame beaucoup de temps. Les artisans peuvent passer des mois à créer un motif sur les fils de chaîne et de trame avant de procéder au tissage.
Les ligatures

Écheveau de fils de coton prêt à être teint sauf aux endroits protégés par les ligatures (les fils rouges).

Ligatures avec des fils de coton nouées serrées. Malgré la pression exercée par les fils rouges, la teinture s'infiltrera aux extrémités des ligatures.

Sur cet écheveau à deux couleurs (sans compter la couleur naturelle du coton), toutes les ligatures ont été retirées. Pour arriver à ce résultat, il a fallu :
- commencer par ligaturer les sections blanches et noires pour teindre en orange les parties non ligaturées ;
- après le bain de teinture orange, il a fallu nouer les sections orange, conserver les ligatures des sections blanches et retirer celles des sections noires pour teindre dans cette couleur les fils ainsi libérés ;
- l'écheveau se présente ainsi après le bain de teinture noire.
- Le motif apparaîtra, fil après fil, au moment du tissage.

Écheveaux colorés, débarrassés de leurs ligatures.
A gauche, détail d'un dessus de lit "double ikat". Les fils de chaîne et de trame ont été teintés en jaune.